Les conditions de la tenue du congrès illustrent le désarroi du Polisario

Le congrès du Polisario est intervenu dans un contexte particulièrement délicat pour la direction du front séparatiste, après la perte du précieux soutien de Kadhafi et l’affaiblissement diplomatique de l’Algérie, ses deux parrains militaires, diplomatiques et financiers. La perte de Kadhafi a été un coup dur pour le Polisario. Et le front séparatiste paraît d’autant plus accablé que l’Algérie est, elle aussi, isolée sur le plan diplomatique régional et international. La cause en est précisément son soutien jusqu’à la fin au dictateur libyen déchu. Pour Mohamed Zakraoui, militant de la section espagnole du Forum de Soutien aux Autonomistes de Tindouf (Forsatin), la tenue de ce congrès n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée de détourner l’attention sur la situation de décrépitude du Polisario. L’affaiblissement est tel que les dirigeants du Polisario ont même tiré un trait sur les extravagantes menaces de reprise des armes contre le Maroc.

L’abattement de la direction du Polisario a été double, surtout après la forte participation des jeunes sahraouis aux élections du 25 novembre, en dépit de l’appel des séparatistes au boycott  de ces élections. Un appel qui illustre le désarroi dans lequel se trouve le Polisario. Non seulement sa position initiale considérant illégale l’organisation des élections au Sahara n’a jamais eu d’écho dans les provinces du sud, mais voilà qu’il se trouve cruellement débouté même sur son simple appel au boycott. La situation du Polisario n’est pas meilleure à l’intérieur des camps de Tindouf, où la colère gronde depuis des mois contre une direction décrédibilisée et largement contestée. Le Mouvement des jeunes de la tribu des Oulad Daoud assure ainsi que les jeunes sahraouis des camps de Tindouf sont devenus plus conscients de leurs droits. Ils n’hésitent plus à manifester devant les locaux de Mohamed Abdelaziz et à s’exprimer sur les réseaux sociaux du web, promettant aux dirigeants séparatistes une fin semblable à celle de leur mentor Kadhafi. Quant aux militants du Rassemblement sahraoui Démocratique, ils dénoncent la décision de la direction du Polisario de tenir le congrès dans une zone éloignée de Tindouf. Le but évident est d’en contrôler le déroulement en écartant les opposants et en y accueillant leurs inconditionnels et les complaisants.